Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les voyages de Geoffrey

Newsletter
Archives
29 mars 2009

Chapitre SIX : Passages en France

1) Sud-ouest

Un mois passé dans le sud-ouest, entre Narbonne et Agen, dont trois semaines en tant que woofer. Je remercie d’ailleurs chaleureusement Tabitha pour son accueil, dans des conditions parfois difficiles.
Toutefois, après trois semaines en arrêt à Sainte Geneviève pour cause de réveillons et tempêtes de neige, et trois autres semaines à ne pas bouger de la maison de Tabitha, mes jambes ont tendance à se plaindre
de cette inactivité. D’autant que pendant ce temps, je mange comme un ogre: c’est d’ailleurs officiellement vérifié, j’ai pris du poids, malgré mon régime très limité. Décidément le corps humain est une machine complexe…

Me revoilà donc en route. De Limoux à Carcassonne, via Saint-Hilaire et son abbaye, en suivant de petits sentiers de vigne. À Carcassonne, je ne manque pas la visite de la cité médiévale, malheureusement sans
guide mais je n’oublie pas la proposition de la gentille Fanny pour mon prochain passage ! Puis de là j’attrape le Canal du Midi qui remonte vers le nord-ouest et l’agglomération toulousaine. Peu à peu, au fil des écluses, les noms changent : je déambule tantôt à coté du Canal du Midi, tantôt du Canal des Deux Mers, pour devenir le Canal Latéral à la Garonne. Mieux : en une semaine, je traverse l’Aude, la Haute Garonne, Le Tarn et Garonne, et enfin le Lot et Garonne. Sans hésitation, les plus belles vues sont dans l’Aude. Seul inconvénient à cet itinéraire, il est un peu morne et ennuyeux. Personne à part quelques cyclistes fous qui pensaient certainement que l’usage de la sonnette a la double fonction de leur octroyer la priorité de passage et de les rendre évitables en toutes circonstances, ce qui signifie qu’ils peuvent à leur aise frôler les passants sans perdre une minute. Les cyclistes du dimanche, on connait tous ça...
Le week-end à Toulouse est également pas mal fréquenté, surtout avec poussettes et coureurs de fond, malgré la fraicheur de cette fin de janvier. Finalement je n’aurais jamais vu Toulouse autrement que le
dimanche. Mais de toute façon rien ne m’attire dans cette ville. Certes, la cathédrale est assez spéciale, avec sa muraille, ouvrage architectural de défense, avec redans et à-pics vertigineux, stylistiquement à cheval entre le roman et le gothique. Mais c’est bien là la seule chose que j’aime du Toulouse que j’ai vu.
Le Canal du Midi reste toutefois la fameuse balade par excellence, à faire au printemps ou en été. Alors l’ombre des grands ormes protège de l’écrasant soleil les promeneurs et les péniches, paysages certes
limités offrant peu de profonds panoramas, mais resplendissant d’infinies teintes vertes et boisées, ombrées et lumineuses. En hiver, ma foi, c’est calme mais plutôt triste.

Mais comme j’ai l’habitude de marcher seul, j’ai été là dans mon élément. Et puis, quelques pas d’un bonhomme avec un sac à dos et un bâton à la main suffisent à le changer en pèlerin. Et précisément dans
le sud-ouest, il est impossible de faire 20 km sans rencontrer le marquage d’une des nombreuses voies pour Saint-Sacques de Compostelle qui sillonent la région. Quant à moi, je n’y retourne pas, comme je m’évertue à l’expliquer aux passants qui me croient fou de partir à cette période. Au contraire, étant parti d’Agen pour mon pèlerinage, je ne fais qu’achever la boucle commencée 119 jours plus tôt, un matin d’octobre 2008 dont j’ai encore le souvenir précis, avec cette première borne rencontrée indiquant “Saint-Jacques = 1080 km”...

2) Sud-est

Une petite semaine dans l’arrière-pays niçois. Là où les touristes n’existent plus, où les maisons secondaires sont rares. À la frontière où stoppe la colonisation anglaise et hollandaise. Là où également finit la côte d’Azur et où les Alpes se déploient. La zone qui justifie à elle-seule l’appellation départementale “Alpes Maritimes”.

Une très belle marche en somme, bien qu’épuisante !

Parti un après-midi de Grasse, après avoir profité de la compagnie du charmant petit couple presque cannois Andréa et Sébastien (et de leur super matelas gonflable !). Je joins donc le GR 51, vers l’est, vers les Alpes. Ce GR est en fait une annexe du GR 5, celui qui relie pour les plus hardis Nice à Amsterdam en traversant les Alpes et le Jura. Mais pour moi qui désire uniquement aller en Italie, le GR 51 fait largement l’affaire. Selon la distance à vol d’oiseau, j’évaluais environ cinq jours pour arriver à Menton, dernière ville avant la
frontière. En fait, en cinq jours je n’ai réussi qu’à couvrir que les ¾, atteignant Monaco et m’y arrêtant. Monter et descendre les collines, pendant cinq jours, c’est comme marcher sur du plat pendant
deux bonnes semaines. Ajouter à cela des chaussettes trouées et quelques averses mal placées, on obtient un randonneur un peu déçu et très fatigué! Il me faut donc du repos. Mais quelles journées aussi !

Sur les hauteurs de Grasse, de magnifiques vues sur le ravage lointain. Puis, au fur et à mesure de la progression vers l’est, on passe par les gorges du Loup, particulièrement impressionantes de profondeur, gouffre béant fendant la montagne, comme un coup de hache divin. En remontant cette gorge à l’est, on arrive sur un haut plateau terrifiant, intermédiaire entre les domaines maritime et montagnard : quittant les pins et les oliviers on débouche tout de go sur ce plateau désertique, me rappelant beaucoup les glenns ecossais, bordé par des crêtes chaotiques, avec au loin l’aperçu des premiers pics enneigés des Alpes. À 800 mètres d’altitude, peu de routes goudronnées, peu de tourisme, et c’est tant mieux. De quoi apprécier le silence, entrecoupé du gémissement du vent qui s’engouffre dans ce goulot naturel apportant avec lui le tintement de quelques cloches de moutons. Le plus effrayant, c’est lorsqu’on sort de cette “vallée de
la mort” biblique, et qu’on se rend compte que la grande ville est à portée de vue en contrebas, l’immense vivier grouillant d’humain adossé à la mer, Nice, immense nappe blanche s’étalant entre le vert et le bleu. Et puis tant qu’on est en hauteur, on peut admirer les villages d’en haut, juste la bonne perspective pour comprendre ce que signifie l’appellation “village rond”. Parfois, plutôt que de crâmer tout son argent pour s’offrir un baptême d’hélicoptère qui à lui seul brulera l’équivalent pétrole de quoi nourrir cinq familles pendant une année, ou plutôt que de rouler paresseusement à 70 km/h sur les routes scéniques qui offrent les mêmes paysages conventionnels qu’on voit sur les premières cartes postales venues, il est parfois meilleur de passer par les petits sentiers, à pied. Certes la montée est rude, on en bave, on sue, on risque sa vie aux dires de certains (autant qu’à bord d’un hélicoptère, mais toujours moins qu’avec une voiture), mais le résultat est toujours unique, accompagné en sus de la satisfaction personnelle d’avoir mérité par ses efforts...

Puis un dimanche en passant dans le village de La Turbie, je remarque beaucoup de voitures neuves immatriculées à Monaco. En effet, ce village appartient à SAS le prince de Monaco. En contrebas on voit
d’ailleurs les grands immeubles et la pointe rocheuse s’avançant dans l’eau. Me voilà donc cheminant vers le petit état. Faites maintenant un effort d’imagination : moi, avec ma dégaine de clochard, arpentant
les rues de Monaco pendant une semaine; sans payer d’hotel bien sûr, dormant à deux pas des grands immeubles cosy dont je préfère ne même pas imaginer le montant du loyer mensuel. La grande vie quoi ! De quoi me préparer comme il faut, avec cette débauche de luxe à tel point que ça en devient stupide et ridicule (grosses voitures clinquantes pour faire 300 mètres jusqu’à la boulangerie, ou encore les caméras de
sécurité partout sans personne devant les écrans), une sorte d’avant-goût de l’Italie du nord.

Publicité
14 mars 2009

Special Guest ;-)

DSC01475JAA

12 mars 2009

CHAPITRE CINQ (fin)

3) Andalousie

Non visitée en entier, cette magnifique région du sud de l’Espagne sera le théatre d’une de mes futures expéditions. C’est un pacte passé entre les vallées et moi… (un panneau publicitaire disait d’ailleurs « vas a volver » : tu vas revenir).

A peine de retour en Espagne, je rencontre les indiens d’Ayamonte, avec qui je passe 4 jours plutôt fatigants, mais si riches ! Je rencontre Tania qui m’emmène voir ses amis français Pascal (instruments à vent) et Christine (accordéon), qui à ce moment reçoivent justement d’autres français, Zino (guitares) et Florian (batterie). Pour compléter le tableau, il y a Andréa, magnifique créature andalouse blonde (loin du stéréotype de la brune aux yeux sombres) qui tient le violon. 4 jours de musique, de vie nocturne. J’y développe la pratique de l’EPS* (*Enrichissement Personnel Spontané), de mon espagnol, et de la vie en groupe. Je côtoie des jeunes, des moins jeunes, des gens paumés et des gens sur la bonne voie, bref Ayamonte est un repaire intéressant de destins croisés. Le mien également vient s’y mêler un temps. Mais il est bientôt temps pour moi de reprendre la route, car ce rythme de vie me tuerait bien vite ! Ça tombe bien, Zino et Flo sont sur le point de se rendre en Afrique, je profite donc de la camionnette pour m’avancer de quelques centaines de kilomètres, en plein cœur de l’Andalousie.

Et là, je pénètre vraiment dans un autre pays, c’est sûr. L’Espagne, c’est l’étranger. Ici, les villages blancs accrochés au flanc des collines, les vieux châteaux trônant sur les hauteurs, la nature à la fois sauvage et accueillante, comme celle des habitants. L’immensité des paysages. La démesure à l’état brut. Un ciel infini. Des taureaux et des chevaux un peu partout. Une chaleur impossible en journée, et un froid à pas dormir dehors la nuit. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne m’attarde pas dans les montagnes de l’intérieur des terres. Juste le temps de passer à Ronda, d’avoir le vertige au dessus du « pont neuf » perché à quelques dizaines de mètres au dessus d’un ruisseau, entre deux falaises. Puis j’attrape la première voiture que je peux pour aller vers la côte. Et quelques heures plus tard en compagnie d’un grand-père plein de vie, me voilà à Malaga, sur la Costa del Sol. Le matin, j’avais 4 couches de vêtement, et en fin de journée je me balade en t-shirt ! Au pied des montagnes, entre mer et roc, là où pullulent les tours et bâtiments touristiques, où l’on entend plus parler anglais et hollandais qu’espagnol.

Je joue alors au touriste sur la côte pendant quelques jours, à Malaga, puis Alméria. De quoi visiter les magnifiques Alcazaba, vieilles citadelles musulmanes du temps de la domination arabe. Les dernières photos prises, une fois encore il me faut repartir, pour remonter vers Paris pour Noël.

Après pas mal de galère et d’attente sur des aires d’autoroute désertes, j’arrive enfin, le 24 décembre au petit matin. Pari tenu. Il m’aura fallu pas moins de 6 chauffeurs différents répartis sur 3 jours. C’était sportif et aléatoire, mais jamais ma bonne étoile ne m’a quitté. Je garde quand même un grand regret au cœur, celui d’être passé au large de Sevilla, Barcelona, Valencia, Granada….

Mais j’y retournerai, c’est juré !

10 mars 2009

CHAPITRE CINQ (suite)

2) Le Portugal

Bon, désolé mais tout a été un peu différent de ce que je prévoyais. Les « chapitres » ne vont pas forcément être de dernière minute, ni parfaitement dans la continuité, mais  l'un dans l'autre ça ne posera pas de grand problème de compréhension !

Je quitte donc Santiago de Compostella, et atteint, tant bien que mal, le Camino Portugès (« chemin portugais »). Il s'agit du chemin des pèlerins portugais, venant de Lisbonne jusqu'à Santiago. Et je le prends à rebours. Lorsqu'on a suivi les marques dans le bon sens pendant plus d'un mois, on peut assez facilement suivre un chemin à l'envers, disons que c'est « instinctif ». Je descends ainsi, lentement car je me suis arrêté trois jours pendant lesquels j'ai beaucoup mangé au restaurant (faut savoir se faire plaisir de temps en temps !), à travers la Galice. Peu à peu j'arrive à la frontière portugaise, ayant suivi tant bien que mal le tracé de la route nationale, et de l'ancienne voie romaine VIA XIX. Mon chemin se refait de plus en plus solitaire, très peu de pèlerins dans ce sens et à cette période de l'année (nous sommes en novembre). Je m'offre même le luxe des auberges de Galice qui sont sur le chemin, étant donné qu'elles ne sont pas chères. Mais je suis toujours seul dedans, quelle tristesse !! Bref, de quoi ne pas mourir de froid, et manger chaud, on ne va pas se plaindre non plus… Une bonne petite ballade donc, vers le Portugal.

Et j'arrive donc à Tuy, dernière ville espagnole, très impressionnante avec sa forteresse imprenable. De l'autre coté du fleuve, j'atteint via un vieil ouvrage en fer, la terre portugaise. On remonte le temps. Celui de sa montre d'abord à cause des fuseaux horaires, et aussi à cause des échos lointains de musique tzigane, et des quelques caravanes postées un peu n'importe où. Je m'aventure donc dans cette terre inconnue, avec une langue que je ne maîtrise pas du tout, mais qui finalement se révèle être plutôt facile.

Je m'enfonce vers le sud, à travers des collines et des villages reculés où je dois être le premier étranger vu depuis les derniers maures.

Arrivé à Ponte de Lima, je décide de reprendre les activités d'auto-stoppeur, que j'avais laissé de coté depuis un mois et demi. Une galère incroyable rien que pour arriver à Porto, que finalement je ne peux pas visiter étant donné que j'y arrive à la nuit tombée. Ne me reste rien d'autre que l'auberge de jeunesse… J'y rencontre des jeunes, des voyageurs. Mais aucun ne veut discuter. Y'a pas de doute, je préfère ma méthode de voyage, certes je suis solitaire mais quand je rencontre des gens je vais vers eux, c'est à mes yeux beaucoup mieux que de rester tourné vers soi-même ! Le lendemain, une visite éclair, le temps de voir la cathédrale (dont on me défend l'entrée par ailleurs, aller savoir la vieille peau qui tient la porte n'a pas confiance !) et de tenter une traversée d'un des ponts les plus venteux d'Europe (mon gros sac m'emportait, très pratique n'est ce pas !), afin de faire du stop jusqu'à la capitale. J'ai de la chance, je tombe sur deux personnes très sympathiques. Vitor, le premier, me fait découvrir la spécialité de Coimbra, le porcelet à la braise, miam miam j'en salive encore ! J'ai même le droit d'avoir une visite guidée de la ville, la classe ! J'ai la chance de rencontrer beaucoup de portugais généreux. Sont-ils tous comme ça, je n'en sais rien, mais il y a quand même un large fond culturel pour l'expliquer.

lisboa

Lisbonne ! Arrivé au soir, sous la pluie, je dors encore à l'auberge de jeunesse. Mais comme je ne m'appelle pas Crésus n'est ce pas, dès le lendemain je cherche et trouve un coin pour planter ma tente, un peu en marge de la grande ville. J'ai dès lors tout le loisir de découvrir, visiter cette ville. Par chance, j'y suis un dimanche alors que les musées sont ouverts et gratuits, je me fais donc 5 musées en une journée. J'ai même une visite guidée personnelle de la réserve du musée d'ethnologie.

J'y passe de superbes soirées, à me balader dans le centre reconstruit au 18e siècle, manger en achetant des petites patisseries succulentes au chorizo, ou une bonne soupe de légumes. Les 4 saisons de Vivaldi dans une vieille église noire de monde. Même une soirée où j'atterri par un hasard complet dans une grande salle de style Louis XVI avec un duo piano/voix pendant plus d'une heure. La forteresse au sommet de la ville, arnaque pour touristes, avec vue sur le port, l'estuaire du Teje, et l'immense pont qui l'enjambe, faisant parfois penser au Golden Gate américain. Et les superbes petits tramways, qu'un jour j'apprendrai à conduire, c'est sûr !

Dans cette capitale, tout tend à nous rappeler la splendeur passée et l'ancienne puissance des portugais, grands navigateurs et explorateurs, qui tinrent pendant longtemps en respect les autres nations d'Europe. Certes cette période est belle et bien finie. Mais j'en ai vu des sud-américains, des africains et des asiatiques, immigrés d'anciennes colonies. Idem des enfants d'émigrés portugais, qui sont revenus au pays amenant avec eux un peu de France, d'Angleterre ou d'Allemagne. Le fait est que le métissage tient une place prépondérante dans la société portugaise, contrairement à l'Espagne où chacun va vivre en harmonie mais avec des cultures différentes. La fameuse différence entre « Salad bowl » et « Melting pot » !

Je quitte Lisbonne en traversant le fleuve (en bateau, pas à la nage !). De l'autre coté, je descends lentement vers le sud et l'Algarve, en traversant l'Alentejo, région très boisée à l'intérieur mais avec une façade maritime très belle. Je fais d'ailleurs le touriste aux cotés d'un couple qui visite le coin, qui me prend dans son voyage en voiture tout au long de la côte. Le vent souffle fort, et le soleil chauffe même si on est début décembre ! Ce qui sera encore plus sensible une fois dans l'Algarve, région touristique par excellence, au soleil et à la mer, avec les petites villes côtières qui se ressemblent toutes, avec les mêmes pièges à touristes. Mais les petites maisons blanches aux bordures bleues ont leur charme quand même…

banc

A Faro, je rencontre José, espagnol en vadrouille pendant ses vacances. Il parle même français. On discute pas mal, à Tavira on se repose au soleil la journée, derrière une bière. Qu'il est bon de profiter du soleil des fois ! Puis on se quitte le lendemain, moi avec une invitation à Séville, lui avec mes encouragements…! Un peu de marche et d'auto-stop plus tard, me revoilà à la frontière espagnole, que je m'empresse de franchir à nouveau.

Bye bye Portugal, merci pour tout, et surtout pour toutes les bonnes personnes que j'y ai rencontré !

9 mars 2009

3ème album photo !

Bonjour les gens, voilà enfin la nouvelle série de photos, qui commencent à dater maintenant mais bon..!

Geoffrey ne m'en a pas encore envoyé d'autres donc je ne suis pas en retard (hého, pour une fois que c'est moi).

D'ici trois jours je publierai la suite du pèlerinage en Espagne.

Pour la nouvelle année j'ai eu envie d'un léger relooking, et aussi petite info, je ne mettrai plus en début de message où Geoffrey se trouve actuellement, car il m'a dit que plusieurs personnes se mélangent les pinceaux.

Sur ce, bon visionnage de photos :)

Vous pouvez cliquer sur l'image pour accéder à l'album ou bien par le menu à droite.

121

Publicité
26 décembre 2008

CHAPITRE CINQ : Le pelerinage en Espagne

Bonjour fidèles lecteurs, le 19 décembre Geoffrey m'a envoyé le début d'un nouveau chapitre. Il a quitté le Portugal, il est actuellement en Andalousie. Geo j'espère que tu as passé un bon Noel, dans la pure tradition avec des gens généreux et chaleureux pour t'entourer. Bonne lecture à vous !

Vous allez me dire qu'il y a un sacré bout de chemin entre Dieppe et la frontière espagnole. Je ne dispose pas alors du temps nécessaire pour y aller en marchant. C'est que les nuits sont fraîches là-haut à cette saison… De Dieppe, je saute à Rouen. Juste le temps de découvrir le visage de cette chère ville en basse saison, un matin de dimanche noyé dans la brume fluviale, la cathédrale ne révélant aux touristes tardifs ses chefs-d'œuvre d'architecture qu'au fur et à mesure de la lente percée des rayons solaires. Magique. Tel est le visage de cette ville.

Puis je me retrouve dans la Sarthe quelques jours plus tard, j'avance lentement le long des nationales en rase campagne. Niveau intérêt, c'est moyen. Et puis la chance me sourit. Aux côtés de Claude, je descend sur Agen en une journee. De là, je déniche le GR 652, qui rejoint rapidement le GR 65 vers le sud ouest. GR 65, personne ne connaît ? Très connu pourtant car c'est lui qui amène les pèlerins d'Allemagne en Espagne via la France, vers le tombeau de l'apôtre Saint-Jacques, à Compostelle en Galice.

On m'avait déjà suggéré de faire ce chemin. Chaque fois, je m'étais dit que je n'aimerais pas un chemin entièrement (trop ?) balisé. Mais après tout, c'est encore le meilleur moyen pour aller en Espagne à pied. Et puis rien ne m'empêche de sortir des rails une fois de l'autre côté de la frontière.

Je commence donc ma marche un beau matin, et ne tarde effectivement pas à être fixé sur ce qui m'attend. Au cours du troisième jour, un panneau m'indique amicalement ˝Santiago = 1000 km˝. Le reste à été seulement le fruit du hasard. 35 jours plus tard, je me tenais devant la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. 35 jours entiers de vraie marche, de rencontres, d'expériences. 35 jours à travers les chaleurs torrides et les brumes glacées, les montagnes et les déserts. Une trentaine de nuits en tente, le reste dans des auberges de pèlerins lorsque le temps est vraiment pourri.

Morceaux choisis (car je peux pas tout raconter non plus !) :

La traversée du Bearn et du Pays Basque, ou les vieux parlent des langages bien étranges dans un pays tout en rondeur. Qu'il est bon de savourer du raisin mur au soleil !

Les Pyrennées ! Elles sont là en face au loin, immense barrière qui coupe l'horizon d'est en ouest. Le chemin tarde à y arriver, c'est pour mieux se préparer à l'ascension, et pour choisir le point le plus bas ! On se trouve d'ailleurs pendant la période de migration des palombes, qui passent par le même endroit. La nuit, les montagnes roucoulent… le matin, les chasseurs sont sur le pied de guerre…

Les premiers paysages espagnols : un immense désert plat d'où émergent ici et là quelques sierras. La terre rouge. Les maisons en terre des pueblos vides, les rues etroites et labyrinthiques des villes, et l'immortelle gallerie marchande.

Un repas de prince à Puente la Reina. La fête a Logroño, et le bon vin de la Rioja. La pluie, le froid, et le vent qui m'arrêtent pour de bon. Nick le canadien qui me redonne le feu pour de bon. Tous les repas internationaux dans les auberges (espagnoles, of course !), personne ne parle la même langue mais tout le monde se comprend ! Les longues journées de solitude en marche forcée, et les journées accompagnées oú le temps file à toute vitesse. Regina, une extra-terrestre franco-belge. Le désert plat entre Burgos et Leon, six jours à suivre une ligne droite entre des champs, sans jamais rencontrer personne.

Des auberges pleines, des auberges vides, des auberges au rendement industriel et des auberges mystiques.

Le vent froid, mordant. Et lorsque celui-ci se calme, le soleil chaud. Les matins givrés. La mer de brume qui recouvre Ponferrada. La neige au loin, heureusement jamais trop près. Les ˝Buen Camino˝ des espagnols qui font le pèlerinage de manière très particulière (juste les 100 derniers km, assez pour avoir le diplôme !).

Plusieurs écrivains ont déjà écrit sur ce chemin, et ils ont dépeint les paysages et les régions traversés beaucoup mieux que je ne saurais jamais le faire. Jamais je ne serais capable de résumer ce que j'ai vécu sur ce chemin. 35 jours, c'est court. Mais c'est aussi émotionellement très long. C'est pourquoi, je me répète, mais le mieux est encore de le faire pour comprendre. Pour moi, ce n'est rien de plus qu'un chapitre de mon voyage. C'est un grand et bon chapitre, très riche en tout cas. Quelques discussions pendant ce chemin me resteront longtemps dans la tête, comme celles avec Vincent, Jay, Dominic, Anneline, Regi, ou Jose. Des choses consistantes, sans debat inutile. De la discussion vraie, qui fait avancer le Schmilblick. Peut-être est-ce une des choses qui manquent un peu trop de nos jours, non ?

C'est donc comme ca que j'ai découvert l'Espagne. Sans m'attendre à ce que j'allais trouver. Sans savoir que les espagnols sont capables d'une générosité grandiose ou tout au contraire d'un dédain honteux. Sans savoir que les églises sont remplies d'or. Que la sainte vierge est dans chaque village. Que les tapas se mangent debout dans la rue avec tout le monde (jeunes, enfants, vieux, riches et pauvres). Sans imaginer que la communauté est un concept inné chez eux. Non, ce n'est pas le paradis, c'est juste un tout autre monde.

11 décembre 2008

Chapitre QUATRE (fin)

Bonjour! Et oui Geoffrey était soit super motivé, soit super chanceux, soit super riche, je n'sais pas, mais l'essentiel est là : le détail de son rapide séjour au Pays de Galles, puis son retour en France. Nonon, ne vous réjouissez pas trop vite, il n'est pas "de retour". Je vous rappelle qu'il est en ce moment au Portugal, et pour y aller, il a dû repasser par la France, puis par l'Espagne, mais ça, on y est pas encore.. Revenons-en à nos moutons, on se resitue : le mois de septembre s'achève, et Geoffrey quitte l'Irlande :

2 Bis) Pays de Galles et Retour.

Le plus économique pour rentrer en France, étant donné que le ferry de Cork à Roscoff (en Bretagne) coûte près de 100€...!

De nouveau sur le sol britannique, la première chose qui m'arrive est d'être inondé sous l'action de la pluie et du vent, qui décident de dépasser la limite critique de résistance de ma tente à ce moment, aux alentours de 5h du matin (sachant que le ferry est arrivé vers 2h30...) Tout n'est pas toujours rose, je tiens à le préciser au passage pour tous ceux qui me croient encore "en vacance".

Bref, heureux tout de même de réutiliser les pounds mis de côté, de côtoyer de nouveau ces insulaires-ci (qui ne sont pas pareils que les autres, oooooooh non !). Entendons-nous bien, ils ont leurs bons côtés, et je vais même ne voir que ceux-là pendant les quelques jours qui suivent.

Je ne découvre cependant que très peu du Pays de Galles, essentiellement la côte sud, très belle. Et encore plus belle la nuit, avec comme seul éclairage la lune, les étoiles, et les nombreux phares scintillant à travers la lointaine brume. Tant pis pour les grandes montagnes plus au nord, ma route désormais va irrémédiablement vers le sud (nous sommes début octobre). Je finis un matin le petit sentier côtier avec le spectacle des vagues se fracassant avec rage sur les arrêtes rocheuses, projetant l'écume marine sur une bonne dizaine de mètres de hauteur. À travers les gouttes, j'aperçois au loin le Landsend, le Finistère anglais, qui m'attend...pour un jour prochain !

Puis se succèdent les sauts de puce, d'abord jusqu'à Plymouth grâce à une camionette effectuant la livraison de la pêche du jour (super l'odeur). Devant les prix de l'opérateur, je déclare forfait et décide de me rendre à nouveau du côté de Newhaven, lieu où j'avais pour la premiere fois posé le pied sur le sol anglais quelques mois plus tôt.

Lors de cette cavalcade pour rejoindre ce port, je découvre bien tard les charmes sauvages de la New Forest, avec ses arbres multicolores diffusant à merveille la lumière automnale d'une fin d'après-midi. Je revois des paysages familiers, traversés à pied, mais cette fois vus de la route, cette route que j'avais tout fait pour éviter, au prix de me perdre au plus profond de la forêt.

Enfin, un autre ferry de nuit vers Dieppe, un ferry fantôme aux couloirs quasiment vides. Arrivé à bon port, je reprends mes marques rapidement : un pain au chocolat, un café, un Kéno. Je peux enfin comprendre les informations de la radio : c'est la crise partout, et le facteur veut créer un Mouvement Anti-Capitaliste. Je suis bien de retour en France...

10 décembre 2008

Chapitre QUATRE (suite)

Bonsoir, vendredi à 16h26 Geoffrey m'a envoyé un looong mail, pour nous raconter son mois passé dans la république d'Irlande. Ca commençait très mal, je vous laisse deviner comment ça se termine. Bonne lecture et à demain pour la suite :)

2) La République d'Irlande (Eire)

Me voilà donc en Irlande sans un sou. Déjà, je fais mes courses de l'autre coté de la frontière chez Tesco le roi des prix bas (et comme ça je garde mes quelques euros pour plus tard). Ensuite je conviens que je vais rester moins longtemps que prévu. Je perd d'ailleurs un temps précieux en discussions avec ma banque, différées car seulement à travers le net, plutôt dur à trouver en accès gratuit. Tout en avançant difficilement sous une pluie qui arrose quotidiennement ce beau pays. Pour être franc, mon impression des premiers jours est de faire rapidement le tour de pays de m.... et de trouver un moyen pour rentrer dare-dare sous des latitudes climatiques plus clémentes. Je dois mon salut à plusieurs généreux donateurs, qui me donnent volontiers de l'argent sans me connaître, geste qui même ne nécessite selon eux aucun remerciement : "Ton problème c'est l'argent ? Bah tiens, au moins ça t'aidera pendant un moment. Si tu veux, tu peux même venir à la maison en attendant que ça se règle !". Vous en connaissez vous des français avec cette mentalité là ? Mes soucis trouvent d'ailleurs une fin heureuse lorsque Padraig, un gaëlique pure souche, accepte à la fin un deal qui ressemble fort à une arnaque malgré moi : un chèque de ma banque contre de l'argent liquide. Je serai éternellement reconnaissant à ce bonhomme qui me permet alors de garder de côté l'argent nécessaire pour mon retour en France tout en continuant normalement ma visite de l'île.

Les premiers jours se passent donc dans l'attente d'une réponse de ma banque, à tourner en rond sous la pluie entre Donégal et Sligo. Arrêté un moment à Ballyshannon, une chose frappante attire mon attention, il s'agit de la disproportion entre la taille de la ville et ses installations. Une bretelle autoroutière de contournement datant de l'année dernière, un centre culturel tout neuf, un centre commercial dont la moitié des locaux sont encore à louer. Quant à la ville en elle-même, il s'agit plutôt d'un petit village. Tout semble attendre un afflux massif de population et de circulation. Je vérifierai le même phénomène ailleurs, témoignant du développement ultra rapide qu'a connu le pays au cours des 10 dernières années. Un peu plus tard, lors de mon aller-retour à Dublin, je suis par exemple confronté à une autoroute qui ne figure pas sur mes cartes; en effet elle vient d'ouvrir depuis deux semaines, et elle coupe le pays d'est en ouest, un axe assez majeur...

Comme vous l'avez donc deviné, moi qui déteste attendre sans rien faire, je pars donc en suivant peu ou prou une route de promenade pour cyclistes, à défaut de trouver un GR. C'est ce soir-là, arrivant au pied de ces montagnes "coloradotesques" baignées de la lumière dorée du soleil couchant perçant enfin les lourds nuages de pluie, que je me prend véritablement d'amour pour ce pays. Il peut y pleuvoir 16 heures par jour, je peux y manger très mal, tout cela importe peu puisqu'il se murmure des choses entre les milliers d' arcs-en-ciel, l'herbe verte, les habitants, les montagnes et le soleil, et ces échos magiques ne sont destinés qu'à moi seul. Tous les jours a son lot de surprises. À Sligo, je rencontre de jeunes musicos basques dont je louperai le concert à Clifden de peu (TXUTXUCAN). Quelque part dans la forêt, je rencontre des jeunes mariés qui profitent d'un lieu magnifique (un puit saint, ancien lieu secret de réunion des chrétiens persécutés, qui est décoré et aménagé en véritable chapelle à ciel ouverte) pour une séance photo. Une nuit, je campe sur le site archéologique d'un ancien hillfort dominant les fermes environnantes. Ou bien toutes ces journées à marcher au hasard des routes pour me retrouver au sommet de monts, entouré seulement de centaines d'éoliennes dont le lent mouvement répétitif m'évoque un gigantesque complexe de puissance brute créatrice d'inertie, d'énergie, de vie. C'est de ça que l'Irlande ne manque absolument pas : de l'inertie, du mouvement, du changement. De la vie en somme.

Et puis il y a les irlandais. Un vieux bourré, écroulé au bord de la route, incapable d'enfourcher à nouveau son vélo pour rentrer chez lui. Et tous ceux qui m'ont fait partager leur voiture pour quelques minutes lorsque la pluie était trop forte. Et Brendan, du Connemara, qui m'offre un toit pour deux nuits au coeur d'une des régions les plus magnifiques du monde, et pendant le festival artistique de Clifden dont je peux profiter puisqu'il y a ses entrées. Pour une nuit, je m'endors en réécoutant à l'infini les rythmes endiablés des violonistes populaires et en revoyant ces jeunes prodiges des claquettes effectuer des pas improvisés, sur le moment, parce que lorsque c'est la fête dans le Connemara tout le monde participe. Y compris le vieux conteur local, qui commence son histoire et ne la finit jamais...mais à son âge et son air bien sympathique, on lui pardonne les trous de mémoire...

Mais je m'égare un peu dans l'ordre chronologique. Peu importe, c'est l'Irlande qui veut ça ! À force de côtoyer ce mélange de traditions et de modernité, on s'égare facilement dans les époques.
Je marche un peu dans un pays dénué de tout intérêt, au centre de l'Irlande, des champs et du plat, rien de bien. Je repique vers la côte pour retrouver un peu de relief.
Je campe une nuit glacée au sommet du Croagh Patrick, près de la jolie petite ville touristique de Westport, un petit mont de 700 mètres couronné par une chapelle et des cailloux, lieu de pèlerinage une fois l'an. Une fois là-haut, on a l'impression de voler, tellement les pentes sont abruptes. L'air ne bouge pas, le bruit n'existe plus, le monde s'étale 700 m plus bas, dans la baie parsemée d'île, la plaine intérieure, et les premières montagnes du Connemara. Ces montagnes que je rejoins d'ailleurs rapidement pour admirer une des régions les plus belles de cette petite île, duel constant entre les montagnes et les lacs, entre les pentes couvertes de ce sol spongieux sur lequel il est impossible de marcher sans s'enfoncer jusqu'aux chevilles et les routes nationales couvertes de moutons qui se baladent ou se reposent. Petit clin d'oeil à Romuald de Rouen qui m'avait parlé de cette région, je suis passé par Letterfrack où l'auberge est toujours là à attendre celui qui recherche un peu de chaleur irlandaise.

L'entrée du Connemara, moitié passager moitié piéton, me laisse totalemeent à bout de souffle. Une multitude de lacs, de toutes tailles et de toutes formes, s'étalent au creux des vallées, où viennent se mirer les montagnes alentours. Quelques pécheurs, quelques touristes aussi- dont moi ? suis-je un touriste ?- mais surtout des locaux qui ne se lassent jamais de profiter du spectacle. J'ai vu peu de la région, mais assez pour savoir que j'y retournerai un jour.

Puis un petit tour par Dublin, pour 3 jours, pendant lesquels je visite tous les musées gratuits de la ville pendant le jour, et les parcs municipaux pendant la nuit...

De retour vers l'ouest, tout se cale comme dans un rêve : j'ai besoin d'argent, j'en trouve; puis je rencontre une charmante petite ville sous le soleil qui se trouve être au départ d'un chemin de randonnée qui va dans ma direction; j'ai faim, je trouve une banane. Qui dit mieux ? La creperie bretonne de Dingle ! Ouverte depuis 2 mois seulement, tenue par des vrais bretons, je me fais plaisir avec un super repas. Me voilà donc dans la presqu'île de Dingle, dans les territoires gaëliques purs et durs, et je fais un tour par le point le plus à l'ouest d'Europe.

Alors, c'est ma petite balade dans l'ouest, les jours passent et ne se ressemblent plus. En marchant un matin, je constate que la route est toute tapissée de feuilles ocres, tombées à la suite d'un coup de vent nocturne. On est déjà en automne, et ça fait presque 4 mois que je marche. Un autre matin sur le Kerry Way, seul dans les brumes de montagnes (pas tout à fait seul puisque tout autour de moi j'entends les cerfs pousser leur brâme), entre deux averses, j'appelle. Je ne sais plus qui, pourquoi, comment, mais j'appelle. Et le soir, la réponse arrive en la personne du père John. D'abord, je suis content de trouver une réponse pratique : possibilité de trouver un boulot, de m'installer quelques mois dans un bout d'Irlande. Mais c'est une réponse bien plus profonde qui se présente à moi. Je ne parle pas de religion, ni même de spiritualité, je laisse ça pour les VIP qui trouvent leur voie en Bouddha, Raël, Jesus, ou la scientologie. Je veux parler d'humanité, de cette part d'humanité qui fait toute la divinité de chaque être humain. J'ai un ami à Goleen, Cork County, Ireland, et c'est un prêtre en charge de la paroisse la plus au sud-ouest de l'île. Hasard.

A ce moment il est plutôt loin de chez lui, et moi aussi. Hasard ? Je pense que nos chemins devaient se croiser. Il m'emmène dans son pays et me fait visiter son coin de paradis soumis aux grandes vagues de l'Atlantique, paradis des surfers, paradis spirituel pour se reposer la tête et pour faire un petit bilan, repu par les biscuits offerts par Kathleen et Jimmy, deux charmantes personnes. A 22 ans, je découvre bien tard ce que "générosité" signifie...

Ragaillardi, regonflé mentalement et physiquement à bloc, je traverse Cork, plutôt sympa et très vivant, plein de concerts et festivals dont je ne profite malheureusement pas.

Puis je file à pied vers l'est découvrant enfin un GR comme je les aime. Dernière longue marche irlandaise qui m'emmène au sud des Galty Mountains, à fleur de roche, dominant la plaine, apercevant au loin les fameuses Wicklows que je n'atteindrai jamais car j'oblique avant vers le sud pour le ferryport de Rosslare. De bons souvenirs, dont l'acte héroïque du sauvetage d'un mouton qui s'est coincé la tête à travers trois rangées de grillage et qui attend, immobile et le cou tordu, depuis plus d'un jour dans le froid et la pluie.

Je ne tarde pas à retrouver le chemin de la mer, pour m'embarquer sur le ferry vers le Pays de Galles. Je traverse la mer de nuit, fatigué. Je n'arrive pas à dormir, je titube dans le navire, balloté par le tangage, pendant que "Dancing Queen" de Abba est diffusé à fond par les hauts-parleurs de la boutique de bord. Wahou, les voyages de nuit, c'est mystique...

6 décembre 2008

Chapitre QUATRE : L'IRLANDE

Bonsoir, Geoffrey vient de passer un mois en Espagne, il est désormais au Portugal, où il a pu m'envoyer tout plein de nouvelles fraîches. Voici le début des aventures irlandaises !

1) L'Irlande du Nord (Ulster)

irlandenord

J'ai tenu une semaine où tout allait "bien".

Malgré la pluie persistante des premiers jours, l'impression première était très avenante : des gens curieux et sympathiques, montrant un réel intérêt et enclins à discuter à la moindre occasion.

Grande nouveauté, on se présente à moi; même pour deux minutes de discussion, on tient à partager au moins les prénoms. Un chemin plutôt bien balisé vers le nord longeant la côte, passant par la célèbre chaussée des Géants, fierté nationale et attraction touristique obligatoire.

Le bonheur vécut à l'état pur, une tasse chaude d'excellent café avec crème, douilletement assis dans un pub providentiel, avec vue sur les vagues se fracassant sur les rochers déjà mouillés de pluie. L'impression, pour la première fois depuis avoir quitté la France, de me trouver dans une nouvelle sphère religieuse : la coéxistence de deux églises ou plus dans chaque village, et surtout Derry (2e ville en importance après Belfast, 2 centres commerciaux à moins de 500 m l'un de l'autre) en ville fantôme un dimanche matin sous le poids de la rigidité protestante.

seul_dans_le_metro

Tout allait bien, je découvrais de manière très vivante cette nouvelle île, à travers cette partie qui appartenait légalement au Royaume-Uni, mais qui annonçait déjà une culture bien différente.

Je me dirigeai donc tranquillement vers la frontière, que je passai sans le savoir par un apres-midi ensoleillé en suivant la rivière. Ne vivant depuis quelques jours qu'avec les derniers pounds qui me restaient (j'attendais le retour en zone euro pour ne pas payer de frais de banque), la première chose à faire était donc de trouver un distributeur.

photo_poches_videsEt c'est à ce moment que, confondant les codes entre eux (je connaissais par coeur ceux de ma mere et mes anciens, mais impossible de me souvenir du nouveau ! ) je bloque bêtement ma carte bleue...

Il me restait 10 pounds sterling, et 15 euros. Impossible de la débloquer à distance comme me l'apprendra ma banque, seule solution : revenir en France. Et aucun ferry aussi peu cher que 15€...

Une galère au début, qui devient vite une occasion unique pour découvrir un magnifique pays peuplé de gens hors du commun !

11 novembre 2008

Chapitre TROIS (fin)

Bonjour les gens, Geoffrey se trouve depuis un mois en France, sur le chemin de Jacques de Compostelle, il file vers l'Espagne. Aujourd'hui, 11 novembre, à 15h53, il m'a envoyé la fin du chapitre sur l'Ecosse :

4) Into the (presque) wild

Musique : Wild Wild West

carsticker_ecosse_oval

Certes, servir de cobayes a des acteurs coreens dans les rues d'Edinburgh, c'est sympa un moment, autant que de s'esclaffer a regarder jongler un comique de rue avec deux sabres et une double hache. Mais tout a une fin, y compris le fait de s'empifrer apres une (trop) longue période de diète. Dommage.

Un beau samedi matin, je quittai donc mon coin tranquille, en y laissant ma casquette jaune car j'en avais trouvé une autre de bien meilleure qualité entre temps. C'est drole d'ailleurs, car à partir de ce moment j'ai cumulé les successions de couvres-chefs, tous perdus en peu de temps à cause de ma négligence, pour finalement retrouver cette meme bonne vieille casquette lors de mon retour en ville. On ne change pas une équipe qui gagne...

Je traversai le firth of Forth, passai au large de Perth et Dundee, pour me retrouver rapidement au plus près des montagnes que j'avais vu grossir peu à peu. Et enfin, mettant cap au nord-ouest complètement sans repères cartographiques précis, après avoir traversé quelques champs au milieu des vaches et moutons, je me trouvai en train d'escalader des pentes colorées de pourpre et vert, le lourd ciel grisâtre surplombant le tableau. Aucune âme qui vive à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde (je ne considère pas les vaches comme des "âmes"), et comme seule trace de civilisation quelques fermes isolées sans mouvement visible. Plus je montais pour voir au loin et me repérer, savoir au moins dans quelle vallée j'étais, plus je rencontrais devant moi d'autres barrières à ma vision, collines qui devenaient peu à peu montagnes. Les rares routes rencontrées m'offraient des panneaux avec des noms totalement inconnus, donc inutiles. Je passai entre autre devant un vieux château abandonné, mais encore debout et imposant du haut de sa colline. Sa tourelle m'avait servi de point de repère par dessus les collines. Le pays regorge de ces vieilleries du 18e ou 19e siecle, non rongées par le tourisme, simplement là comme se tiendrait un vieux chêne. De vieilles pierres gagnées par la végétation sur les bords des routes, parfois à moitié effondrées. Paysages magiques.

Au bout de deux jours à errer dans cette zone, je fus de retour à mon point de départ, en somme je fis une belle boucle riche en frayeurs. Je decidai alors, pour un bon moment, de rester dans des régions un peu plus fréquentées que par les simples biches, faisans, lapins, et moutons. Je recommançai donc à cheminer sur des routes peu fréquentées, en attendant de me renseigner sur de possibles vrais sentiers de randonnée. Je longeai ainsi mon premier loch écossais, le Loch Tay, sur le bord duquel je passai une magnifique soirée d´été à me chauffer au soleil couchant avant que celui-ci ne disparaisse derrière les montagnes au sommet embrumés. J'avais précisément choisi cet itinéraire car il me permettait de joindre en peu de temps le fameux West Highland Way, en direction de Fort William sur la côte ouest.

Mais on ne m'avait que trop prévenu : "en Ecosse, le temps change rapidement". Une soirée ensoleillée peut être suivie d'un superbe matin, puis d'un après-midi totalement pourri. En fait tout est dit dans les prévisions météo, qui n'existent qu'en deux versions :

                - Pluie avec rayons lumineux

                - Soleil avec averses

C'est pourquoi lorsque j'atteignis le West Highland Way, au bout de 7 miles seulement j'étais déjà trempé jusqu'aux os, sans rien pour me réfugier si ce n'est ma tente mouillée, et sans rien à manger, au milieu de nulle part. C'est à dire que je ne m'étais pas encore habitué à ce nouveau pays : sur la carte, il y a un nom comme pour un village, et c'est en fait rien de plus qu'une gare, trois maisons épars, et peut-être un hôtel. Mais ces 7 miles, dont la moitié sous la pluie, m'ont totalement immergé dans l'Ecosse sauvage : une route courant sur le flanc d'une montagne, et rien d'autre autour. Le tout baignant dans une vapeur grise, empêchant de voir trop loin ni trop haut, nous permettant en fait de découvrir le paysage au fur et à mesure de la marche. L'Ecosse sauvage, c'est aussi les animaux dangereux. Pas des pumas ou des ours, comme le pensait Aaron, canadien rencontré au passage (que j'ai même revu par la suite à Inverness, l'Ecosse des marcheurs est petite !). Plutôt les midges. Notez qu'on emploie toujours l'article pluriel pour parler d'eux. La raison est qu'ils ne se déplacent jamais seuls. Si on en voit un, on peut être sur que les autres ne sont pas loins, peut être même déjà en train de vous sucer le sang sans que vous ne vous en rendiez compte. Mieux vaut être préparé. Pas comme moi, avant mon répulseur acheté 1€ à Liddl... Au moindre centimètre carré de peau humaine exposée, ils se ruent en masse. Une piqure unique n'est pas douloureuse, mais lorsqu'ils sont plus d'une cinquantaine sur une zone pas plus grande que votre paume, là ca devient douloureux. Et pendant que vous essayez de les enlever, au même instant d'autres se posent sur vous. Tout y passe : les mains, le visage, les molets, TOUT. Ces créatures sont tellement petites qu'elles s'infiltrent partout. LE fléau écossais, bien avant la cornemuse et le poridge : les midges. Deux semaines de proximité avec ces charmantes créatures m'ont fait ressembler à un malade permanent de la rougeole.

Arrivé à Fort William grâce à une très sympathique irlandaise, avec laquelle je decouvris des paysages spectaculaires sur fond de musique classique. Petite ville touristique au pied du Ben Nevis (plus haut sommet de GB, 1343m) et à la rencontre de deux chemins de randonnée. Et ayant loupé le premier, je me suis rattrapé sur le second, direction le nord et le loch Ness. Le temps fut plus clément sur ce tronçon, enfin ! Je pus même apprécier le soleil de fin août le long du Caledonian Canal et du loch Ness, dont la seule monstruosité visible est l'inflation touristique des prix.

Aout tirait à sa fin, et je n'étais pas encore en Irlande, que je voulais parcourir avant la saison pluvieuse (que je sus par la suite être toute l'année...). Tant pis pour l'extrême nord de l'Ecosse, de toute facon je n'y étais pas vraiment préparé avec ce temps-là. Ni une ni deux, me revoilà à Edinburgh après une folle soirée d'auto-stop, heureux d'être de retour à temps pour assister au spectacle pyrotechnique clôturant le Festival. Lancé ensuite vers la côte, que je découvrais tardivement et avec visite guidée (région fascinante partagée entre mer et montagnes, lacs et falaises), après un passage de 20mn à Glasgow (bah oui, j'suis un homme pressé moi !), j'embarquai un matin pour une nouvelle île.

Publicité
1 2 3 > >>
Les voyages de Geoffrey
  • Mon ami Geoffrey est parti pour un voyage d'au moins un an autour de l'Europe, et peut-etre du monde, alors moi qui suis restée en France, je retranscris sur ce blog ses aventures, semaine après semaine !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité