Le 16 septembre à 11h39, depuis l'Irlande, Geoffrey m'envoie :

3) Edinburgh

Musique : Braveheart

babel

J'ai honte de l'avouer, mais c'est en voiture que j'ai atteint l'Ecosse. Ma premiere nuit de l'autre coté de la frontiere fut meme une des plus confortables jusqu'alors, passée dans un bon gros lit douillet bordé d'une demi-douzaine de couvertures, au sein de la ferme isolée de Charly et Suzan. L'occasion pour moi de gouter des le lendemain matin au fameux porridge écossais, qui comme le thé anglais passe mieux avec suffisament de lait et de sucre...

Puis ma frénésie reprit de plus belle, avec comme seule idée en tete d'etre a temps a Edinburgh pour le festival (suite a un malentendu m'ayant laissé croire qu'il finissait le 08 aout, alors que c'était justement a cette date qu'il commencait!). J'arrivai sain et sauf en la capitale de l'Ecosse un apres-midi mouillé, aidé par un mec sympa qui me donna meme quelques pieces pour prendre le bus jusqu'qu centre, étant donné qu'il me déposait dans la banlieue. Et je restai dans cette ville neuf jours d'affilée.

Ville immense, et profonde. Deux niveaux se superposent en hauteur, créant de complexes perspectives et un amalgame de ponts, ruelles et escaliers, une terreur pour ceux qui misent tout sur un GPS. Non, cette ville ne se fait pas en un jour de visite, et certainement pas plus en neuf jours d'ailleurs. J'ai pu le vérifier lors de mon retour, deux semaines plus tard, qui me valut encore quelques bonnes journées de découverte. EN tout c'est donc pres de deux semaines completes que j'y ai séjourné. D'abord déboussolé par mon retour dans une grande ville, capitale et métropole hyper urbaine, j'y ai peu a peu trouvé mes marques. Personne ne me croirait si j'affirmais avoir campé pendant tout ce temps au meme endroit sans jamais avoir été embeté, a peine a 30 minutes a pied du centre ville, dans un endroit sans risque, désert, et tres confortable. Je n'affirme donc rien, a part que de ce coté ci "j'ai eu de la chance".

C'est donc l'esprit tranquille que j'ai pu arpenter les rues de l'Athenes du nord (j'avais moi-meme fait le rapprochement avant de savoir que ceci avait été véritablement son surnom au siecle dernier ! ). Et cela pendant un incontournable de l'Ecosse : le Fringe, le grand festival internationalement reconnu depuis plusieurs décennies comme un des grands evenements festifs mondiaux récurrents.

feuartifice

Et j'avoue avoir été bluffé. Des shows dans les rues, d'acrobate, de jongleurs, de comiques, de musiciens. Du son partout, tout le temps. Des journées entierement consacrées a la fete a travers des manifestations variées, du hip-hop a la salsa, en passant par la démonstration de combat par des samourais, et de la musique live, des comiques, du theatre, du cabaret. Des concerts magnifiques dans une eglise éclairée a la bougie. Des jeunes déguisés distribuant des flyers tous les cinq metres pour la promotion d'une piece ou d'un show. Des murs d'affichage noircis de ces memes flyers. Kurt Russel pour maire. Lionel Richie possédant toute la ville. En un mot, un extraordinairement beau bordel (oui, ca fait trois mots, mais ca vous apprend aussi que concernant ce festival, il n'y a pas de regles acquises).

Seul imprévu, le temps, qui décidément n'a pas été tres sympathique tout cet été. Pas top lorsque quasiment tout ce qui est gratuit se fait en extérieur.

J'avoue également que je me suis pas mal ennuyé durant ce moment a Edinburgh. Certes, les animations et shows de rue étaient pour certains droles, d'autres absolument époustouflants, mais ils ne parvenaient pas a remplir mes journées. Et meme la visite de tous les musées, monuments et jardins (ceux à l'acces gratuit bien sur) me laissait du temps libre. Pour compenser, je lisais tous les auteurs francophones présents a la bibliotheque municipale (d' André Gide à Baudelaire), ou bien je passai un temps incroyablement long a composer mes repas. Je mentirais si j'affirmais connaitre toute la ville sur le bout des doigts. Mais je peux sans complexe dire que j'en connais tous les coins les moins chers pour les loisirs et la vie quotidienne.

Comme ceci, pele mele, si un jour vous vous rendez a Edinburgh, n'oubliez surtout pas de faire un tour dans Princes Street Gardens, une énorme tranchée ou s'étalait autrefois un loch et dont le fond sert aujourd'hui de chemin ferré entouré de paisibles jardins peuplés d'écureuils. Ou bien d'aller au sommet des trois hauteurs naturelles de la ville desquelles vous aurez une vue plongeante sur les clochers, le port, le firth of Forth, et au loin les Grampian Mountains : Arthur's seat dans le parc régional d'Holyrood en bordure de la ville, Calton Hill du coté de Leith Walk qui fait penser a l'acropole athénienne avec sa réplique du Parthénon jamais achevée, et le chateau en plein centre.

Surtout, attendez le soir, et passez de pub en pub au sein des ruelles de la ville du bas, quasi-souterraine, labyrinthique, ou si vous préferrez avoir peur suivez un des nombreux groupes qui font le tour de la cité sur le theme des histoires les plus macabres, sanglantes, et terrifiantes. Mise en situation assurée, avec un guide costumé façon "19e siecle", et frissons garantis.

Arretons la. Vous l'aurez compris, le mieux c'est d'aller y voir et sentir par soi-meme. Edinburgh est une alchimie qui stimule tous les sens a la fois, en cela elle méritait bien d'etre traitée a part. Mais cela reste une ville, avec un trafic routier totalement aberrant, et tous les inconvénients liés au béton. C'est pourquoi, des que le temps s'est dégagé, je me suis lancé vers des régions plus "sauvages".

Chapitre TROIS (suite²)

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