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Les voyages de Geoffrey
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29 mars 2009

Chapitre SIX : Passages en France

1) Sud-ouest

Un mois passé dans le sud-ouest, entre Narbonne et Agen, dont trois semaines en tant que woofer. Je remercie d’ailleurs chaleureusement Tabitha pour son accueil, dans des conditions parfois difficiles.
Toutefois, après trois semaines en arrêt à Sainte Geneviève pour cause de réveillons et tempêtes de neige, et trois autres semaines à ne pas bouger de la maison de Tabitha, mes jambes ont tendance à se plaindre
de cette inactivité. D’autant que pendant ce temps, je mange comme un ogre: c’est d’ailleurs officiellement vérifié, j’ai pris du poids, malgré mon régime très limité. Décidément le corps humain est une machine complexe…

Me revoilà donc en route. De Limoux à Carcassonne, via Saint-Hilaire et son abbaye, en suivant de petits sentiers de vigne. À Carcassonne, je ne manque pas la visite de la cité médiévale, malheureusement sans
guide mais je n’oublie pas la proposition de la gentille Fanny pour mon prochain passage ! Puis de là j’attrape le Canal du Midi qui remonte vers le nord-ouest et l’agglomération toulousaine. Peu à peu, au fil des écluses, les noms changent : je déambule tantôt à coté du Canal du Midi, tantôt du Canal des Deux Mers, pour devenir le Canal Latéral à la Garonne. Mieux : en une semaine, je traverse l’Aude, la Haute Garonne, Le Tarn et Garonne, et enfin le Lot et Garonne. Sans hésitation, les plus belles vues sont dans l’Aude. Seul inconvénient à cet itinéraire, il est un peu morne et ennuyeux. Personne à part quelques cyclistes fous qui pensaient certainement que l’usage de la sonnette a la double fonction de leur octroyer la priorité de passage et de les rendre évitables en toutes circonstances, ce qui signifie qu’ils peuvent à leur aise frôler les passants sans perdre une minute. Les cyclistes du dimanche, on connait tous ça...
Le week-end à Toulouse est également pas mal fréquenté, surtout avec poussettes et coureurs de fond, malgré la fraicheur de cette fin de janvier. Finalement je n’aurais jamais vu Toulouse autrement que le
dimanche. Mais de toute façon rien ne m’attire dans cette ville. Certes, la cathédrale est assez spéciale, avec sa muraille, ouvrage architectural de défense, avec redans et à-pics vertigineux, stylistiquement à cheval entre le roman et le gothique. Mais c’est bien là la seule chose que j’aime du Toulouse que j’ai vu.
Le Canal du Midi reste toutefois la fameuse balade par excellence, à faire au printemps ou en été. Alors l’ombre des grands ormes protège de l’écrasant soleil les promeneurs et les péniches, paysages certes
limités offrant peu de profonds panoramas, mais resplendissant d’infinies teintes vertes et boisées, ombrées et lumineuses. En hiver, ma foi, c’est calme mais plutôt triste.

Mais comme j’ai l’habitude de marcher seul, j’ai été là dans mon élément. Et puis, quelques pas d’un bonhomme avec un sac à dos et un bâton à la main suffisent à le changer en pèlerin. Et précisément dans
le sud-ouest, il est impossible de faire 20 km sans rencontrer le marquage d’une des nombreuses voies pour Saint-Sacques de Compostelle qui sillonent la région. Quant à moi, je n’y retourne pas, comme je m’évertue à l’expliquer aux passants qui me croient fou de partir à cette période. Au contraire, étant parti d’Agen pour mon pèlerinage, je ne fais qu’achever la boucle commencée 119 jours plus tôt, un matin d’octobre 2008 dont j’ai encore le souvenir précis, avec cette première borne rencontrée indiquant “Saint-Jacques = 1080 km”...

2) Sud-est

Une petite semaine dans l’arrière-pays niçois. Là où les touristes n’existent plus, où les maisons secondaires sont rares. À la frontière où stoppe la colonisation anglaise et hollandaise. Là où également finit la côte d’Azur et où les Alpes se déploient. La zone qui justifie à elle-seule l’appellation départementale “Alpes Maritimes”.

Une très belle marche en somme, bien qu’épuisante !

Parti un après-midi de Grasse, après avoir profité de la compagnie du charmant petit couple presque cannois Andréa et Sébastien (et de leur super matelas gonflable !). Je joins donc le GR 51, vers l’est, vers les Alpes. Ce GR est en fait une annexe du GR 5, celui qui relie pour les plus hardis Nice à Amsterdam en traversant les Alpes et le Jura. Mais pour moi qui désire uniquement aller en Italie, le GR 51 fait largement l’affaire. Selon la distance à vol d’oiseau, j’évaluais environ cinq jours pour arriver à Menton, dernière ville avant la
frontière. En fait, en cinq jours je n’ai réussi qu’à couvrir que les ¾, atteignant Monaco et m’y arrêtant. Monter et descendre les collines, pendant cinq jours, c’est comme marcher sur du plat pendant
deux bonnes semaines. Ajouter à cela des chaussettes trouées et quelques averses mal placées, on obtient un randonneur un peu déçu et très fatigué! Il me faut donc du repos. Mais quelles journées aussi !

Sur les hauteurs de Grasse, de magnifiques vues sur le ravage lointain. Puis, au fur et à mesure de la progression vers l’est, on passe par les gorges du Loup, particulièrement impressionantes de profondeur, gouffre béant fendant la montagne, comme un coup de hache divin. En remontant cette gorge à l’est, on arrive sur un haut plateau terrifiant, intermédiaire entre les domaines maritime et montagnard : quittant les pins et les oliviers on débouche tout de go sur ce plateau désertique, me rappelant beaucoup les glenns ecossais, bordé par des crêtes chaotiques, avec au loin l’aperçu des premiers pics enneigés des Alpes. À 800 mètres d’altitude, peu de routes goudronnées, peu de tourisme, et c’est tant mieux. De quoi apprécier le silence, entrecoupé du gémissement du vent qui s’engouffre dans ce goulot naturel apportant avec lui le tintement de quelques cloches de moutons. Le plus effrayant, c’est lorsqu’on sort de cette “vallée de
la mort” biblique, et qu’on se rend compte que la grande ville est à portée de vue en contrebas, l’immense vivier grouillant d’humain adossé à la mer, Nice, immense nappe blanche s’étalant entre le vert et le bleu. Et puis tant qu’on est en hauteur, on peut admirer les villages d’en haut, juste la bonne perspective pour comprendre ce que signifie l’appellation “village rond”. Parfois, plutôt que de crâmer tout son argent pour s’offrir un baptême d’hélicoptère qui à lui seul brulera l’équivalent pétrole de quoi nourrir cinq familles pendant une année, ou plutôt que de rouler paresseusement à 70 km/h sur les routes scéniques qui offrent les mêmes paysages conventionnels qu’on voit sur les premières cartes postales venues, il est parfois meilleur de passer par les petits sentiers, à pied. Certes la montée est rude, on en bave, on sue, on risque sa vie aux dires de certains (autant qu’à bord d’un hélicoptère, mais toujours moins qu’avec une voiture), mais le résultat est toujours unique, accompagné en sus de la satisfaction personnelle d’avoir mérité par ses efforts...

Puis un dimanche en passant dans le village de La Turbie, je remarque beaucoup de voitures neuves immatriculées à Monaco. En effet, ce village appartient à SAS le prince de Monaco. En contrebas on voit
d’ailleurs les grands immeubles et la pointe rocheuse s’avançant dans l’eau. Me voilà donc cheminant vers le petit état. Faites maintenant un effort d’imagination : moi, avec ma dégaine de clochard, arpentant
les rues de Monaco pendant une semaine; sans payer d’hotel bien sûr, dormant à deux pas des grands immeubles cosy dont je préfère ne même pas imaginer le montant du loyer mensuel. La grande vie quoi ! De quoi me préparer comme il faut, avec cette débauche de luxe à tel point que ça en devient stupide et ridicule (grosses voitures clinquantes pour faire 300 mètres jusqu’à la boulangerie, ou encore les caméras de
sécurité partout sans personne devant les écrans), une sorte d’avant-goût de l’Italie du nord.

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Les voyages de Geoffrey
  • Mon ami Geoffrey est parti pour un voyage d'au moins un an autour de l'Europe, et peut-etre du monde, alors moi qui suis restée en France, je retranscris sur ce blog ses aventures, semaine après semaine !
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