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Les voyages de Geoffrey
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26 décembre 2008

CHAPITRE CINQ : Le pelerinage en Espagne

Bonjour fidèles lecteurs, le 19 décembre Geoffrey m'a envoyé le début d'un nouveau chapitre. Il a quitté le Portugal, il est actuellement en Andalousie. Geo j'espère que tu as passé un bon Noel, dans la pure tradition avec des gens généreux et chaleureux pour t'entourer. Bonne lecture à vous !

Vous allez me dire qu'il y a un sacré bout de chemin entre Dieppe et la frontière espagnole. Je ne dispose pas alors du temps nécessaire pour y aller en marchant. C'est que les nuits sont fraîches là-haut à cette saison… De Dieppe, je saute à Rouen. Juste le temps de découvrir le visage de cette chère ville en basse saison, un matin de dimanche noyé dans la brume fluviale, la cathédrale ne révélant aux touristes tardifs ses chefs-d'œuvre d'architecture qu'au fur et à mesure de la lente percée des rayons solaires. Magique. Tel est le visage de cette ville.

Puis je me retrouve dans la Sarthe quelques jours plus tard, j'avance lentement le long des nationales en rase campagne. Niveau intérêt, c'est moyen. Et puis la chance me sourit. Aux côtés de Claude, je descend sur Agen en une journee. De là, je déniche le GR 652, qui rejoint rapidement le GR 65 vers le sud ouest. GR 65, personne ne connaît ? Très connu pourtant car c'est lui qui amène les pèlerins d'Allemagne en Espagne via la France, vers le tombeau de l'apôtre Saint-Jacques, à Compostelle en Galice.

On m'avait déjà suggéré de faire ce chemin. Chaque fois, je m'étais dit que je n'aimerais pas un chemin entièrement (trop ?) balisé. Mais après tout, c'est encore le meilleur moyen pour aller en Espagne à pied. Et puis rien ne m'empêche de sortir des rails une fois de l'autre côté de la frontière.

Je commence donc ma marche un beau matin, et ne tarde effectivement pas à être fixé sur ce qui m'attend. Au cours du troisième jour, un panneau m'indique amicalement ˝Santiago = 1000 km˝. Le reste à été seulement le fruit du hasard. 35 jours plus tard, je me tenais devant la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. 35 jours entiers de vraie marche, de rencontres, d'expériences. 35 jours à travers les chaleurs torrides et les brumes glacées, les montagnes et les déserts. Une trentaine de nuits en tente, le reste dans des auberges de pèlerins lorsque le temps est vraiment pourri.

Morceaux choisis (car je peux pas tout raconter non plus !) :

La traversée du Bearn et du Pays Basque, ou les vieux parlent des langages bien étranges dans un pays tout en rondeur. Qu'il est bon de savourer du raisin mur au soleil !

Les Pyrennées ! Elles sont là en face au loin, immense barrière qui coupe l'horizon d'est en ouest. Le chemin tarde à y arriver, c'est pour mieux se préparer à l'ascension, et pour choisir le point le plus bas ! On se trouve d'ailleurs pendant la période de migration des palombes, qui passent par le même endroit. La nuit, les montagnes roucoulent… le matin, les chasseurs sont sur le pied de guerre…

Les premiers paysages espagnols : un immense désert plat d'où émergent ici et là quelques sierras. La terre rouge. Les maisons en terre des pueblos vides, les rues etroites et labyrinthiques des villes, et l'immortelle gallerie marchande.

Un repas de prince à Puente la Reina. La fête a Logroño, et le bon vin de la Rioja. La pluie, le froid, et le vent qui m'arrêtent pour de bon. Nick le canadien qui me redonne le feu pour de bon. Tous les repas internationaux dans les auberges (espagnoles, of course !), personne ne parle la même langue mais tout le monde se comprend ! Les longues journées de solitude en marche forcée, et les journées accompagnées oú le temps file à toute vitesse. Regina, une extra-terrestre franco-belge. Le désert plat entre Burgos et Leon, six jours à suivre une ligne droite entre des champs, sans jamais rencontrer personne.

Des auberges pleines, des auberges vides, des auberges au rendement industriel et des auberges mystiques.

Le vent froid, mordant. Et lorsque celui-ci se calme, le soleil chaud. Les matins givrés. La mer de brume qui recouvre Ponferrada. La neige au loin, heureusement jamais trop près. Les ˝Buen Camino˝ des espagnols qui font le pèlerinage de manière très particulière (juste les 100 derniers km, assez pour avoir le diplôme !).

Plusieurs écrivains ont déjà écrit sur ce chemin, et ils ont dépeint les paysages et les régions traversés beaucoup mieux que je ne saurais jamais le faire. Jamais je ne serais capable de résumer ce que j'ai vécu sur ce chemin. 35 jours, c'est court. Mais c'est aussi émotionellement très long. C'est pourquoi, je me répète, mais le mieux est encore de le faire pour comprendre. Pour moi, ce n'est rien de plus qu'un chapitre de mon voyage. C'est un grand et bon chapitre, très riche en tout cas. Quelques discussions pendant ce chemin me resteront longtemps dans la tête, comme celles avec Vincent, Jay, Dominic, Anneline, Regi, ou Jose. Des choses consistantes, sans debat inutile. De la discussion vraie, qui fait avancer le Schmilblick. Peut-être est-ce une des choses qui manquent un peu trop de nos jours, non ?

C'est donc comme ca que j'ai découvert l'Espagne. Sans m'attendre à ce que j'allais trouver. Sans savoir que les espagnols sont capables d'une générosité grandiose ou tout au contraire d'un dédain honteux. Sans savoir que les églises sont remplies d'or. Que la sainte vierge est dans chaque village. Que les tapas se mangent debout dans la rue avec tout le monde (jeunes, enfants, vieux, riches et pauvres). Sans imaginer que la communauté est un concept inné chez eux. Non, ce n'est pas le paradis, c'est juste un tout autre monde.

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Commentaires
Les voyages de Geoffrey
  • Mon ami Geoffrey est parti pour un voyage d'au moins un an autour de l'Europe, et peut-etre du monde, alors moi qui suis restée en France, je retranscris sur ce blog ses aventures, semaine après semaine !
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