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Les voyages de Geoffrey
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11 novembre 2008

Chapitre TROIS (fin)

Bonjour les gens, Geoffrey se trouve depuis un mois en France, sur le chemin de Jacques de Compostelle, il file vers l'Espagne. Aujourd'hui, 11 novembre, à 15h53, il m'a envoyé la fin du chapitre sur l'Ecosse :

4) Into the (presque) wild

Musique : Wild Wild West

carsticker_ecosse_oval

Certes, servir de cobayes a des acteurs coreens dans les rues d'Edinburgh, c'est sympa un moment, autant que de s'esclaffer a regarder jongler un comique de rue avec deux sabres et une double hache. Mais tout a une fin, y compris le fait de s'empifrer apres une (trop) longue période de diète. Dommage.

Un beau samedi matin, je quittai donc mon coin tranquille, en y laissant ma casquette jaune car j'en avais trouvé une autre de bien meilleure qualité entre temps. C'est drole d'ailleurs, car à partir de ce moment j'ai cumulé les successions de couvres-chefs, tous perdus en peu de temps à cause de ma négligence, pour finalement retrouver cette meme bonne vieille casquette lors de mon retour en ville. On ne change pas une équipe qui gagne...

Je traversai le firth of Forth, passai au large de Perth et Dundee, pour me retrouver rapidement au plus près des montagnes que j'avais vu grossir peu à peu. Et enfin, mettant cap au nord-ouest complètement sans repères cartographiques précis, après avoir traversé quelques champs au milieu des vaches et moutons, je me trouvai en train d'escalader des pentes colorées de pourpre et vert, le lourd ciel grisâtre surplombant le tableau. Aucune âme qui vive à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde (je ne considère pas les vaches comme des "âmes"), et comme seule trace de civilisation quelques fermes isolées sans mouvement visible. Plus je montais pour voir au loin et me repérer, savoir au moins dans quelle vallée j'étais, plus je rencontrais devant moi d'autres barrières à ma vision, collines qui devenaient peu à peu montagnes. Les rares routes rencontrées m'offraient des panneaux avec des noms totalement inconnus, donc inutiles. Je passai entre autre devant un vieux château abandonné, mais encore debout et imposant du haut de sa colline. Sa tourelle m'avait servi de point de repère par dessus les collines. Le pays regorge de ces vieilleries du 18e ou 19e siecle, non rongées par le tourisme, simplement là comme se tiendrait un vieux chêne. De vieilles pierres gagnées par la végétation sur les bords des routes, parfois à moitié effondrées. Paysages magiques.

Au bout de deux jours à errer dans cette zone, je fus de retour à mon point de départ, en somme je fis une belle boucle riche en frayeurs. Je decidai alors, pour un bon moment, de rester dans des régions un peu plus fréquentées que par les simples biches, faisans, lapins, et moutons. Je recommançai donc à cheminer sur des routes peu fréquentées, en attendant de me renseigner sur de possibles vrais sentiers de randonnée. Je longeai ainsi mon premier loch écossais, le Loch Tay, sur le bord duquel je passai une magnifique soirée d´été à me chauffer au soleil couchant avant que celui-ci ne disparaisse derrière les montagnes au sommet embrumés. J'avais précisément choisi cet itinéraire car il me permettait de joindre en peu de temps le fameux West Highland Way, en direction de Fort William sur la côte ouest.

Mais on ne m'avait que trop prévenu : "en Ecosse, le temps change rapidement". Une soirée ensoleillée peut être suivie d'un superbe matin, puis d'un après-midi totalement pourri. En fait tout est dit dans les prévisions météo, qui n'existent qu'en deux versions :

                - Pluie avec rayons lumineux

                - Soleil avec averses

C'est pourquoi lorsque j'atteignis le West Highland Way, au bout de 7 miles seulement j'étais déjà trempé jusqu'aux os, sans rien pour me réfugier si ce n'est ma tente mouillée, et sans rien à manger, au milieu de nulle part. C'est à dire que je ne m'étais pas encore habitué à ce nouveau pays : sur la carte, il y a un nom comme pour un village, et c'est en fait rien de plus qu'une gare, trois maisons épars, et peut-être un hôtel. Mais ces 7 miles, dont la moitié sous la pluie, m'ont totalement immergé dans l'Ecosse sauvage : une route courant sur le flanc d'une montagne, et rien d'autre autour. Le tout baignant dans une vapeur grise, empêchant de voir trop loin ni trop haut, nous permettant en fait de découvrir le paysage au fur et à mesure de la marche. L'Ecosse sauvage, c'est aussi les animaux dangereux. Pas des pumas ou des ours, comme le pensait Aaron, canadien rencontré au passage (que j'ai même revu par la suite à Inverness, l'Ecosse des marcheurs est petite !). Plutôt les midges. Notez qu'on emploie toujours l'article pluriel pour parler d'eux. La raison est qu'ils ne se déplacent jamais seuls. Si on en voit un, on peut être sur que les autres ne sont pas loins, peut être même déjà en train de vous sucer le sang sans que vous ne vous en rendiez compte. Mieux vaut être préparé. Pas comme moi, avant mon répulseur acheté 1€ à Liddl... Au moindre centimètre carré de peau humaine exposée, ils se ruent en masse. Une piqure unique n'est pas douloureuse, mais lorsqu'ils sont plus d'une cinquantaine sur une zone pas plus grande que votre paume, là ca devient douloureux. Et pendant que vous essayez de les enlever, au même instant d'autres se posent sur vous. Tout y passe : les mains, le visage, les molets, TOUT. Ces créatures sont tellement petites qu'elles s'infiltrent partout. LE fléau écossais, bien avant la cornemuse et le poridge : les midges. Deux semaines de proximité avec ces charmantes créatures m'ont fait ressembler à un malade permanent de la rougeole.

Arrivé à Fort William grâce à une très sympathique irlandaise, avec laquelle je decouvris des paysages spectaculaires sur fond de musique classique. Petite ville touristique au pied du Ben Nevis (plus haut sommet de GB, 1343m) et à la rencontre de deux chemins de randonnée. Et ayant loupé le premier, je me suis rattrapé sur le second, direction le nord et le loch Ness. Le temps fut plus clément sur ce tronçon, enfin ! Je pus même apprécier le soleil de fin août le long du Caledonian Canal et du loch Ness, dont la seule monstruosité visible est l'inflation touristique des prix.

Aout tirait à sa fin, et je n'étais pas encore en Irlande, que je voulais parcourir avant la saison pluvieuse (que je sus par la suite être toute l'année...). Tant pis pour l'extrême nord de l'Ecosse, de toute facon je n'y étais pas vraiment préparé avec ce temps-là. Ni une ni deux, me revoilà à Edinburgh après une folle soirée d'auto-stop, heureux d'être de retour à temps pour assister au spectacle pyrotechnique clôturant le Festival. Lancé ensuite vers la côte, que je découvrais tardivement et avec visite guidée (région fascinante partagée entre mer et montagnes, lacs et falaises), après un passage de 20mn à Glasgow (bah oui, j'suis un homme pressé moi !), j'embarquai un matin pour une nouvelle île.

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Commentaires
Les voyages de Geoffrey
  • Mon ami Geoffrey est parti pour un voyage d'au moins un an autour de l'Europe, et peut-etre du monde, alors moi qui suis restée en France, je retranscris sur ce blog ses aventures, semaine après semaine !
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