Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les voyages de Geoffrey
Newsletter
Archives
23 août 2008

Chapitre DEUX (fin)

Le 12 août à 17h49, depuis Edinburgh, Geoffrey m'envoie la fin du deuxième chapitre :

4) La Manche et la baie

Oui, pourquoi pas ? En vingt-deux ans, je n'avais jamais vu le Mont St Michel qu'a la télévision, pourtant a moins de trois heures de voiture de Paris. Me voila donc obsédé par cette idée : rejoindre un des plus beaux sites classés de France, et probablement du monde. Mais j'etais encore pres de Caen, et apres trois semaines en Normandie j'avais attrapé la "podopathie", maladie hautement contagieuse du fainéant qui ne veut pas marcher. Attention a la pandémie d'ailleurs...

Donc hop, qu'a cela ne tienne, grace a un tour de passe-passe et la bonne volonté de la SNCF (c'est pas souvent) me voila en moins d'une heure du bon coté de la Manche, a Coutances. Je ne pourrais pas dire pourquoi Coutances plutot que n'importe quelle autre station plus proche de la baie, mais en tout cas ce fut un heureux hasard. J'ai été agréablement surpris par cette ville, que je pensais etre une simple gare de triage, lorsque je me suis retrouvé nez a nez avec la cathédrale romano-gothique qui snobe les environs du sommet de sa colline. Très beau, mais je ne m'y suis pas attardé.

trefle

Car a peine quitté l'ancien eveché, me voila en face du petit macaron bleu des pelerins, plusieurs centaines de kilomètres après l'avoir laissé en Suisse Normande.

Il me faut faire une parenthèse ici : dès mon départ, la confiance que j'ai placé en ma bonne étoile s'est toujours révelée payante. Rendons hommage a mon ange gardien.

Je n'ai donc plus eu qu'a suivre le sentier littoral tout tracé, trop fatoche.

route_66

La premiere chose qui m'a frappé dans ce nouveau département, c'est l'inflation subite des prix, ou plutôt l'application des tarifs "touristiques". Il faut bien que les commercants vivent, n'est-ce-pas...

Puis il y a la mer, bien sûr. Avant même de la voir ou de l'entendre, c'est sur les lèvres et dans les narines qu'on la sent, qu'on la goûte. Et jusqu'au dernier instant les dunes de sable la masquent, réservant la surprise pour le tout dernier moment.

Le premier jour en ce tout nouveau pays fut une petite étape pour moi: têtu comme mes proches me connaissent, j'ai marché pendant plusieurs heures pour atteindre le front de mer, qui pendant ce temps reculait avec la marée. Au loin, le grain s'installait lentement sous la forme d'un énorme nuage sombre emplissant tout l'horizon. Et c'est lui qui a été le plus rapide. Heureusement pour moi et mes vêtement trempés, j'avais rencontré Fabienne le matin même sur la route qui m'avait genéreusement invité pour la nuit, ce qui me permit de dormir au sec. Ce même soir-là, il faisait beau: la pluie passe au gré du vent perpétuel, pas de doute on est toujours en Normandie.

killbill

Le deuxieme superbe GR de mon voyage ( GR = sentier de randonnée, suivez un peu !) fut celui qui court le long de la côte vers la grande baie. Il m'a fallu deux jours et quelques heures pour rejoindre le Mont, enjambant pour cela les falaises côtières dans un amas de broussailles à peine entretenues, écorché et griffé par les ronces. J'avoue m'être vengé en dégainant mon couteau suisse et en perfectionnant ma technique de tranchage de tiges à la mode "samourai"...

Plusieurs fois, lorsque le sentier semblait n'être que le trottoir de la grande route, j'avoue avoir été tenté d'abréger l'effort en levant le pouce, et nul doute qu'on m'aurait transporté en moins d'une heure à ma destination. Aucune visibilité sur la baie, donc pas de but en vue... Et puis je me suis repris, et me suis fixé l'objectif de la journée : "ce soir, je peux voir le Mont". Vingt-huit kilometres plus tard, le dernier obstacle visuel franchi, j'atteignai mon objectif, et la vue fut à couper le souffle. A gauche la longue langue de terre constituant le bout de la Manche (et de la Normandie par la même occasion); en face un horizon fermé par une terre noire se perdant vers l'ouest (la Bretagne); au centre du tableau, une gigantesque étendue de sable et d'eau dominée par un roc sombre, d'apect monolithique, dont la partie supérieure se rétrécissait progressivement jusqu'a ne plus être qu'un aiguillon doré décollant vers le ciel rosé du crépuscule. Ce soir-là, j'aperçus juste une silhouette...mais quelle silhouette !

Le lendemain commenca véritablement ce que j'appelle ma marche vers le Mont, la silhouette de la veille grossissant peu à peu, les détails, les contrastes et les contours se détachant avec plus de netteté au fur et à mesure de la progression du soleil dans le ciel et de ma propre progression sur le sable. Puis la traversée de la baie, et la découverte, l'illusion d'être de retour au Moyen-Age, malheureusement rapidement effacée par l'afflux continuel de cars de touristes japonais. Partout, de la pierre centenaire. Des vues inaltérables de la baie, du soleil dans le sable mouillé, et de la riviere dont les bras se remplissent et se vident au rythme des marées.

L'ensemble du rocher possédait une telle unité à mes yeux que je pouvais presque le croire taillé dans un unique bloc originel immense, comme une cathédrale parfaite.

Et qui en a l'exclusivité ? La Bretagne ou la Normandie ? Rocher frontiere, borne territoriale immuable qui rappellera toujours la fin et le début de quelque chose. A la fois frontière et passage. Pour moi il revêtait aussi une autre signification : la fin de mon périple normand, et l'avant-goût de la prochaine aventure, outre-mer cette fois-ci.

Une chose est sûre : j'y retournerai un jour...

Publicité
Commentaires
Les voyages de Geoffrey
  • Mon ami Geoffrey est parti pour un voyage d'au moins un an autour de l'Europe, et peut-etre du monde, alors moi qui suis restée en France, je retranscris sur ce blog ses aventures, semaine après semaine !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité